La sérophobie, c’est non !

Au Parc des Faubourgs, le 10 août 2019, lors de la remise du Prix Claude-Tourangeau
Photo : Michel Filion/Fierté Montréal
Photo Michel Filion/Fierté Montréal

C’est avec émotion que je reçois le Prix Claude-Tourangeau remis à une personne ou à un organisme afin de souligner son apport exceptionnel à la lutte contre la sérophobie. Ce prix a été remis à des personnes et des organisations exceptionnelles avant moi.

Pour sa savoir plus sur qui était Claude Tourangeau, cliquez sur ce lien: http://www.fugues.com/225713-article-funerailles-et-exposition-des-cendres-de-claude-tourangeau.html

Parmi celles-ci, on retrouve la Clinique l’Actuel dont le fondateur et président est le Docteur Réjean Thomas pour sa contribution exceptionnelle au domaine de la santé sexuelle, dont le rôle de pionnier qu’il a joué dans le développement des connaissances en prévention, évaluation et traitement des personnes atteintes du VIH/sida. On retrouve aussi le Docteur Mark Wainberg, à titre posthume, un scientifique montréalais reconnu à l’échelle mondiale dans le domaine du VIH/Sida. Il y a aussi la Docteure Joanne Otis, professeure au département de sexologie de l’UQAM depuis 1991 et a mené plusieurs travaux de recherche qui ont contribué à la santé de nos communautés, ainsi que Keith Monteith directeur général de la COCQ-SIDA depuis 9 ans. Il a auparavant travaillé pendant plusieurs années dans des organismes communautaires et dévoue toute son énergie à son travail de lutte contre le VIH-sida et les droits des personnes vivant avec le VIH. Le politicien français, Jean-Luc Roméro, premier élu de l’hexagone à s’afficher séropositif et très impliqué dans la lutte contre le VIH, figure aussi dans ce groupe.

Voici le discours que j’ai prononcé devant les quelques 4000 personnes présentes.

Je vais commencer par citer ma très chère maman, Yolande, qui m’a appris un mot super important : merci ! Merci à Fierté Montréal et au jury qui ont décidé de reconnaître mon humble contribution au mieux-être de notre monde. Vraiment, je le répète : merci !

Quel bel honneur ! Vous ne trouvez pas ? Oui, un bel honneur, surtout quand je me rappelle qu’il y a un peu plus de 15 ans, j’apprenais que j’étais séropositif. J’étais très malade et je me disais que ma vie était fini, que je n’avais plus d’avenir, et que j’allais mourir !

Et j’avais peur, Tellement peur ! J’avais surtout honte, mais tellement honte !

En fait, cette belle reconnaissance fait du bien. Elle fait du bien à mon cœur, à mon âme et à mes tripes.

Regardez ça, aujourd’hui. Regardez ça ! Qui aurait dit, il y a 15 ans, que je me retrouverais ici devant vous tous pour dire haut et fort que je suis séropositif ? Je le dis haut et fort : je suis séropositif et je suis indétectable !

Indétectable. Plus les personnes vivant avec le VIH seront dépistées et traitées, plus elles seront indétectables. Et vous savez ce que ça veut dire, indétectable ? Vous savez ? Ça veut dire quoi ? In-trans-missi-ble ! Indétectable égale intransmissible. I égale I ! Ça veut dire qu’on ne transmet plus la maladie. C’est ainsi qu’on va le vaincre ce putain de virus !

Moi, j’y crois. J’y crois à la déclaration de Paris. On va y arriver ici à Montréal. 90-90-90 ! 90 % de séropositifs dépistés. 90 % sous traitement antirétroviral. 90 % avec une charge virale indétectable.

Un premier pas vers l’éradication de ce… oui, oui allez-y avec moi …putain de virus !

Mais il reste encore la sérophobie. La stigmatisation. Des fois, je crois que ça, c’est pire encore que le… putain de virus. Ça, il faut combattre ça. La sérophobie, c’est non ! La sérophobie, c’est non ! La sérophobie, c’est non !

C’est pour ça que j’ai décidé il y a trois ans d’utiliser ma petite notoriété comme journaliste pendant plus de 32 ans à la télévisio pour faire un coming-out en tant que séropositif. Je voulais montrer qu’on pouvait bien vivre avec ce putain de virus, mais qu’il fallait cesser la discrimination.

La sérophobie, c’est ? C’est ? C’est non !

Aujourd’hui, ce putain de virus a un visage, le mien. Et celui d’autres qui ont fait leur coming-out autant avant et après moi. Ces gens se mettent de l’avant pour dire quoi ?

Pour dire que… La sérophobie, c’est non !

Que le jugement moral, c’est ? C’est ? C’est non !

Que le rejet, c’est ? C’est ? C’est non !

Que la discrimination, c’est ? C’est ? C’est non !

Plus nous serons nombreux – et je sais que ce n’est pas encore possible pour certains de le faire – à nous lever et dire : la sérophobie, c’est non, plus nous serons nombreux à sortir de l’ombre, moins il sera facile de nous juger et de nous discriminer !

Le silence égale la mort, disaient les militants d’Act-up dans les années 80 et 90. Ils avaient raison. Et ils ont encore raison aujourd’hui, car être indétectable, ça veut dire dire intransmissible. PAS INVISIBLE.

Discours de Denis-Martin Chabot, Prix Claude-Tourangeau, 10 août 2019, Parc des Faubourgs, Montréal

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